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Catherine Il suffit d'un Amour Tome 2 - Бенцони Жюльетта (читать книги без .TXT) 📗

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— Je ne peux pas croire que ce soit vraiment toi, balbutia-t-elle. Landry ne veut pas me reconnaitre. Landry a oublie Catherine.

Il s'assit pres d'elle et entoura de son bras les epaules frissonnantes.

— Landry n'avait rien a faire avec la femme de Garin de Brazey... avec la maitresse du tout-puissant Duc. Mais tu es une victime, tu es malheureuse, tu as besoin de moi. Tu es redevenue Catherine...

La jeune femme sourit et laissa sa tete reposer sur l'epaule de son ami. Ce secours, cette amitie tombes litteralement du ciel, etaient tellement inattendus.

— Comment m'as-tu retrouvee ? Et ou suis-je ?

Au chateau de Malain que Garin a du se faire preter par l'abbe de Saint-Seine. Comment je t'ai retrouvee, c'est une autre histoire. Un matin ou je rentrais au logis apres une nuit de ripaille au cabaret, j'ai vu une charrette sortir de l'hotel de Brazey. J'ai entendu une femme crier dans cette charrette... un seul cri. Mais j'etais ivre encore et j'etais a pied... J'ai laisse courir. Une fois degrise, cette histoire m'a trotte dans la tete. Je suis alle chez toi, j'ai demande a te parler. J'ai vu seulement une petite servante, une nommee Perrine, qui pleurait comme une fontaine. Elle m'a dit que tu etais partie, au petit matin, sans meme la reveiller. Que tu devais suivre le duc a Paris... mais elle n'avait pas l'air d'y croire beaucoup a cause de tes robes qui etaient toutes la. Je n'ai pas pu l'interroger plus longuement, parce que le Garin revenait. Mais tout ca ne me paraissait pas clair. J'ai surveille ton mari, un jour, deux jours et la suite. Finalement, ce matin, je l'ai vu partir a cheval et je l'ai suivi de loin. Nous sommes arrives jusqu'ici et quelque chose m'a dit que j'avais trouve ce que je cherchais. Dans le village, au bas de cette butte, on n'a pas tres bonne opinion du chateau. On m'a dit, a l'auberge, qu'on y avait entendu des cris, des plaintes... une voix de femme.

Les bonnes gens croient aux fantomes. Ils n'ont pas cherche beaucoup plus loin. La nuit, ils s'enfermaient chez eux en faisant le signe de croix, voila tout... J'ai cherche comment entrer ici. La batisse est en ruine, facile a escalader. J'ai vu, dans la cour interieure, le cheval de Garin a l'attache, j'ai vu aussi sortir une espece d'ours qui est alle dans une cabane chercher une ecuelle de soupe. Personne ne s'occupait de moi. J'ai pu escalader le donjon en toute tranquillite... J'ai vu la cheminee et me voila. Il faut dire que j'ai toujours une corde a la selle de mon cheval. Tu sais tout. Maintenant, viens, je t'emmene...

Il se levait d'un bond, tendait la main pour l'aider a se relever. Mais elle secoua tristement la tete.

— Je ne peux pas, Landry... je suis trop faible. L'ecuelle de soupe etait pour moi. Mon gardien ne m'avait rien donne a manger depuis quatre jours pour m'obliger a lui ceder. Et puis... regarde : Garin a pris toutes ses precautions.

Elle montrait la chaine que les plis de sa robe brune avaient dissimulee jusque-la a la vue de Landry. Le jeune homme resta court, changea de couleur. S'agenouillant, il toucha avec une sorte d'horreur craintive la chaine et le collier.

— Le miserable ! T'avoir livree a ce sanglier, pauvrette ! Il a ose t'enchainer, t'affamer, t'exposer aux assauts d'un cochon !

— Tu vois bien que je ne peux pas te suivre.

— Voire !

Attentivement, le jeune homme examinait le collier, la chaine. Celle-ci etait epaisse. La limer representerait un gros travail. Mais le collier portait une serrure.

— Ou est la clef ? demanda Landry.

— Je ne sais pas. C'est peut-etre Fagot qui l'a.

— Fagot ? Le gros bonhomme que j'ai vu ?

— Sans doute... mais je ne suis pas sure qu'il la possede. Son intelligence ne va pas loin et je crains bien que cette maudite clef ne soit quelque part dans une poche de Garin.

Le visage de Landry se rembrunit. Il avait songe que la meilleure maniere de delivrer Catherine etait de tuer le geolier, de lui prendre la clef et de sortir tranquillement par la porte. Mais, tout compte fait, il etait peu probable qu'il l'eut. Quant a emmener Catherine, comme il l'avait tout d'abord projete dans l'ignorance de son etat, c'est-a-dire par la cheminee, il n'y fallait pas compter.

Affaiblie comme elle l'etait, la jeune femme ne pourrait jamais fournir l'effort necessaire pour qu'il put l'aider a se hisser dans le conduit de fumee...

sans parler de la descente le long du mur du donjon, ni du franchissement de l'enceinte ecroulee. Tout ce qui, pour ses muscles entraines de chevaucheur professionnel, n'etait qu'un jeu un peu difficile devenait pour la prisonniere autant d'obstacles infranchissables... Quelques minutes de reflexion persuaderent Landry qu'il fallait remettre au lendemain son projet.

— Ecoute, fit-il... je vais etre oblige de repartir par ou je suis venu te laissant la. Je pourrais tuer ton geolier, mais cela ne servirait a rien, car je n'ai aucun outil me permettant de te delivrer de cette chaine. Tu dois rester encore ici jusqu'a demain soir. Je reviendrai avec des limes pour, au moins, couper le collier, et je pourrai te preparer une retraite dans la campagne...

— J'aurai tous les courages, promit Catherine,

puisque je sais que tu es la, que tu veilles sur moi. Tu as raison, Garin pourrait revenir, il n'est peut- etre pas loin et nous ignorons si d'autres hommes ne veillent pas en bas. Dans la charrette, ils etaient deux hommes.

L'un etait Fagot, l'autre lui ressemblait... Je peux rester une journee de plus.

Le plus dur, c'est le froid...

Elle claquait des dents. Le feu etait eteint et la nuit de fevrier etait loin d'etre clemente. Le reflet pale qui venait de la fenetre disait assez qu'il devait y avoir de la neige au-dehors.

— Attends, fit Landry.

Vivement, il deboucla sa ceinture, ota la veste de cuir epais qu'il portait sur son pourpoint, la jeta, toute chaude encore, sur les epaules tremblantes de Catherine qui s'y blottit avec delices.

— Avec ca, tu auras moins froid ! Il te suffira de la cacher dans la paille quand tu entendras entrer ton geolier.

— Mais toi... tu vas geler ?

Le sourire de Landry rendit d'un seul coup a Catherine le bon compagnon d'autrefois, celui qui n'etait jamais a court d'inventions et avec qui il faisait si bon courir les rues de Paris !

— Moi, je suis en parfait etat, je ne suis pas une pauvre petite fille affamee, gelee...

— ... et enceinte, completa Catherine.

Le mot petrifia Landry. Catherine ne pouvait le voir dans cette obscurite qui les enveloppait tous deux, mais a son souffle plus court, elle sentit ce qui se passait en lui.

— De qui ? demanda-t-il la voix breve.

— De qui veux-tu que ce soit ? De Philippe, bien sur !... Garin n'est qu'un mari postiche. Il ne m'a jamais touchee.

Le soupir que poussa Landry fit un bruit de soufflet de forge.

— J'aime mieux ca ! Et je commence a comprendre. C'est parce que tu attends cet enfant, n'est- ce pas, qu'il t'a conduite ici ? Son orgueil n'a pas pu en supporter davantage ? Alors, raison de plus pour t'arracher a lui. Demain, a la nuit tombee, je reviendrai avec ce qu'il faut pour te delivrer. La seule chose que je te demande, c'est d'eteindre ton feu, si ton gardien t'en allume un. J'ai cru etouffer dans la fumee en descendant.

— Entendu. A la tombee du jour j'eteindrai le feu.

— Parfait. Maintenant, prends ca... Au moins, tu auras quelque chose pour te defendre.

Catherine sentit qu'il lui glissait dans la main quelque chose de froid... une dague. Se souvenant que c'etait la seule arme de Landry, elle voulut refuser.

— Mais toi ? Si tu rencontres Fagot ?

Le rire de Landry etait decidement tres reconfortant.

— J'ai mes poings... et je ne peux supporter l'idee de te savoir sans defense aux mains de cette brute. Va te coucher, maintenant. Je repars. Dors le plus que tu pourras pour etre aussi forte que possible. D'ailleurs, je t'apporterai quelque chose a manger...

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